La péninsule du Yucatán est une région très spéciale, qui abrite la plus grande lentille d’eau douce de la planète. Les caprices de la géologie y ont mis en contact l’eau douce d’origine pluviale, l’eau de mer salée et la roche calcaire. Comme dans le jeu des ciseaux, de la pierre et du papier, ces trois éléments sont en conflits permanents.
Le massif calcaire absorbe l’eau douce, l’eau douce repousse l’eau de mer, qui corrode la pierre. Il en résulte d’immenses cavernes, objet de nos obscurs désirs…
Nos expéditions réunissent des spéléologues et des scientifiques français, mexicains, portugais, russes, ou serbes qui depuis 1995 explorent et étudient avec passion années après années les grottes de la péninsule.
Ce premier volume est consacré aux grottes de la région de Valladolid. Il en décrit les cavités, les mythes et les légendes, les animaux qui les peuplent et en esquisse la géologie.

Il est des livres comme des éléphants. Leur période de gestation est de vingt mois et ils ont la mémoire longue !
Voici donc le deuxième volume de la collection Grottes du Yucatán, vingt mois après la parution du premier dédié à la région de Valladolid. Nous consacrons cet ouvrage aux grottes de l’île de Cozumel. Comme dans le précédent, nous dressons ici une photographie de la connaissance d’aujourd’hui et contribuons de cette façon à la conservation du savoir et à la construction de la mémoire.
L’île de Cozumel possède un karst passionnant. Les grottes que l’on y trouve sont toutes subaquatiques et s’explorent en plongée. Elles révèlent les fluctuations du niveau de la mer au cours des temps géologiques. Les mécanismes de creusement des grottes et l’écoulement des eaux souterraines sont décrits ici dans le détail.
L’eau souterraine a servi de support aux colonies humaines qui s’y sont établies, imprimant ainsi dans l’esprit des Cozumeliens une conscience aiguë de l’importance du milieu souterrain. Les légendes, les restes archéologiques et l’histoire récente en témoignent.
Les grottes abritent une vie intense dont les mécanismes sont peu à peu compris. La biodiversité qui règne ici est unique au monde. On y a décrit les premiers échinodermes souterrains !

Rêvons un peu ! Notre voyage spatial de six mois nous a enfin amenés sur la planète Mars. Nous nous posons dans la caldeira du volcan Olympus Mons. Avec ses 22 km d’altitude et ses 800 km de diamètre, c’est le plus grand volcan du système solaire… Constitué de lave fluide comparable aux volcans d’Hawaï il abrite dans ses flancs des milliers de kilomètres de tubes de lave… qui attendent leurs explorateurs ! C’est là assurément le plus grand domaine spéléologique atteignable par l’homme.
Sur Terre, les rêves des spéléologues se sont concentrés sur l’étroite bande de terre de 10 km de large et 150 km de long qui s’étend le long de la côte de la Riviera Maya. Baptisée dans les années 90 « new frontier » elle mérite les superlatifs.
1 500 km de grottes y ont été découverts au cours des 30 dernières années. Les plus grands réseaux noyés de la planète (et probablement du système solaire) s’y trouvent concentrés. Nous avons eu la chance de participer à ces explorations. Et le temps de l’écriture est venu. La région est si riche en grottes que nous avons dû scinder en deux la description de ce domaine.
Voici donc la première partie de ce descriptif.

À l’heure où la démarche scientifique est remise en question par toutes sortes de mouvements alternatifs amplifiés par les réseaux sociaux ; à l’heure où les Linné, Buffon, Lamarck, Darwin, Freud et tant d’autres se retournent dans leurs tombes, il nous paraît plus que jamais essentiel de publier la connaissance que le monde de la spéléologie a accumulée sur le karst du Yucatán et ses rapports à l’être humain. Le savoir scientifique est porté par une longue approche méticuleuse d’observation de terrain. Feindre de l’ignorer est une démarche obscurantiste.
Voici donc le quatrième opus de la collection Les grottes du Yucatán, ouvrage collectif abordant des aspects de sciences humaines, d’histoire, de géologie, de biologie, de techniques exploratoires et bien sûr de description des grottes.
Il porte sur la région de Mérida, vaste plaine dont l’altitude ne dépasse pas 30 mètres, située au nord-ouest de la péninsule. Cette plaine porte la cicatrice présumée de l’impact de Chixulub sous la forme d’un arc de cénotes. Cette météorite a creusé un large cratère de 150 km de diamètre et aurait causé la grande extinction de la fin du Crétacé et la disparition des dinosaures.* Bonne lecture !

* La vraie raison de la disparition des dinosaures est qu’ils refusaient de lire Les grottes du Yucatán et qu’ils préféraient fumer et se saouler…